Comme plusieurs d’entre vous me l’ont demandé, je vais tenter de vous expliquer comment je fais mes petits tampons.
NB : soyons clairs, je n’ai pas la prétention d’être experte en la matière, loin de là. Je découvre la technique à peu près en même temps que vous. Je vais donc vous expliquer ce que je sais à mon niveau, ce que j’ai appris en fouinant à droite à gauche sur le net, et comment je procède actuellement avec toutes les erreurs que je commets et qui ne demandent qu’à être corrigées. En gros, je vous dis comment devenir un « graveur du dimanche » !
Tout d’abord, le matériel. Il faut un dessin à reproduire + un truc sur lequel on va graver ce dessin + des outils pour graver.
Vous pouvez cliquer sur chaque photo pour l’agrandir.
Le dessin : là, c’est assez simple, on fait ce qu’on veut. Plus c’est petit et plus il y a de détails, plus ça risque d’être compliqué, mais bon, j’ai bien commencé comme ça, alors on peut !
Le truc sur lequel on va graver : ça peut être plein de choses mais j’ai choisi la facilité. J’ai mis de côté le bois et le métal 😉 et j’ai acheté des plaques à graver en gomme. Il en existe de différentes épaisseurs, différentes duretés, différents prix. J’en ai choisi 3 pour comparer et me faire une idée des avantages et inconvénients de chaque modèle. Certaines sont plus faciles à graver mais plus fragiles (la bleue), d’autres plus dures à graver mais plus appropriées pour réaliser des détails (la grise, qui est en fait une plaque de lino), d’autres entre les deux (la beige)… On peut aussi graver simplement dans des gommes d’écolier, ça marche aussi !
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Les outils pour graver : des gouges, de différentes formes et différentes tailles. Pour commencer, il existe des kits composés d’un manche et de gouges interchangeables. C’est ce que j’ai. Pour débuter, ça va très bien sans se ruiner, mais je ne doute pas que si on se prend au jeu de la linogravure, on ait envie rapidement de gouges non-interchangeables, de meilleure qualité et bien plus chères. On verra quand je serai grande…
Maintenant qu’on a tout ça, GO !
1- on reproduit son dessin sur le support à graver. Dans cet exemple, on se fiche un peu du « sens » du dessin. La plume peut très bien être vue dans n’importe quel sens. Mais pour certains dessins (je vous en reparlerai une autre fois) ou pour des mots, le sens a de l’importance : il faut bien réfléchir comment on reporte le dessin sur le support pour que ce soit dans le bon sens quand on l’imprimera sur du papier… Je vous laisse réfléchir 😉
2- on grave : l’idée, c’est que ce qu’on enlève restera de la couleur du papier à l’impression (on va dire blanc pour simplifier), ce qu’on laisse sera de la couleur de l’encre choisie (noire pour simplifier). C’est assez simple à comprendre sur cette plume, mais ce n’est pas toujours le cas selon le dessin et le résultat que l’on veut obtenir (en tout cas pour mon petit cerveau pas toujours très pragmatique).
On choisit la bonne taille de gouge en fonction de ce qu’il y a à enlever et de la patience qu’on a pour le faire. On essaie de ne pas aller trop vite non plus pour ne pas faire de ratés, parce que ce qui est enlevé l’est définitivement. On ne met surtout jamais la main qui tient le support face à la gouge, mais derrière, sinon on risque assez facilement d’aller visiter les urgences. Et on enlève tout ce qui gêne et qu’on ne veut pas, y compris autour du motif si besoin.
J’ai choisi ici, pour aller vite et pour tester, une vieille gomme d’école de derrière les fagots (merci Marie !). Mais elle était tellement derrière les fagots, et de vieux fagots, qu’elle était un peu friable, donc assez fragile. D’où le résultat pas très net. Une gomme neuve est un meilleur choix
3- on encre : pour faire simple et pas trop cher, on peut utiliser un encreur du commerce, surtout quand il s’agit de tampons de petite taille, c’est bien pratique. Il en existe des tas de couleurs super belles, de quoi bien s’amuser. Il faut juste apprivoiser la quantité d’encre que l’on applique (là, je ne maîtrise pas encore…).
Et tadam… on voit tout de suite ce qui a été mal gravé !
Soit on se rend compte qu’on a enlevé ce qu’il ne fallait pas et malheureusement, ben tant pis : c’est le cas sur le haut du rachis de ma plume, tout au bout. J’aurai aimé que ce soit plus fin, mais j’ai été un peu bourrine sur la pression donnée à la gouge à cet endroit là.
Soit on a mal enlevé certaines zones, et là, pas de problème, il suffit de le faire; ou simplement de décider que ça nous plait bien comme ça et qu’on ne touche à rien.
Pour vous montrer, voici un autre exemple que j’ai fait, également sur une vieille gomme, pour mettre mon adresse au dos de mes courriers, comme expéditeur. Au premier essai d’encrage (photo de gauche), il restait un contour en bas à droite de l’enveloppe que je ne voulais pas, et un petit trait dans l’angle en bas à gauche. J’ai donc enlevé tout ça avant de retester (photo de droite). Par contre, les petits traits à l’intérieur ne me choquent pas, au contraire, ça donne « vie » à l’enveloppe, je les ai donc laissés.
Les tous premiers tampons que j’ai réalisés avaient aussi des zones mal gravées, que j’ai finalement laissées parce que ça ne me déplaisait pas. Dans le cas de la cigogne, ça donne une impression de mouvement, et pour le poisson, ça fait penser à la mer et aux vagues. Par contre, j’aurai voulu qu’ils soient tous les deux dans l’autre sens mais je n’ai pas réfléchi assez longtemps au moment où j’ai reporté mon dessin sur la plaque à graver !
On voit aussi que les zones qui demandent de la finesse ne sont pas si simples à graver quand on n’a pas l’habitude (bec de la cigogne par exemple).
Voilà pour aujourd’hui, c’est déjà bien assez non ? Je vous montrerai probablement plus tard un essai de motif plus grand et moins concluant, l’exemple type et très pédagogique de tout ce qu’il ne faut pas faire